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Spiritualité - Sédir, Yvon Le Loup (lu également Paul Le Loup...) Quelques textes de Sédir, pour qui sa rencontre avec Monsieur Philippe fut un des moments les plus marquants de son existence. Il était déjà écrivain, mais plus spécifiquement sur l'occultisme. Il devient dès lors un des écrivains les plus empreints de mysticisme qui se puisse concevoir. Par de nombreux écrits, il tentera de partager, de transmettre l'extraordinaire de ce que fut pour lui cette Rencontre. L'APOCALYPSE La tradition veut que les deux témoins soient Enoch et Elie; de fait ces deux prophètes, avec Moïse, la Vierge et Jean, ne sont pas passés par la mort, si l'on écoute l'histoire religieuse; Melchissédech, qui n'a pas de parents, est un sixième personnage mystérieux; il y en a encore six autres, qu'aucun livre ne nomme, mais qui n'en existent pas moins; de sorte que le chapitre XI pourrait peut-être se réaliser prochainement. La Bête qui monte de la mer, c'est la force de la foule, de la masse populaire, produisant d'une part les syndicats, en caricature de la fraternité chrétienne, et de l'autre les trusts, en caricature du gouvernement divin. La Bête qui monte de la terre, ce sont les gouvernements politiques, empires, monarchies ou républiques, agissant par violence et par ruse. La période contemporaine paraît être décrite aux chapitres XV, XVI et XVII. Nous voyons, en effet, un certain nombre de justes se tenir en dehors des syndicats, des sociétés anonymes, des partis politiques et des sociétés secrètes. Mais ils souffrent, par leurs abstentions toutes sortes d'agonies par rapport à la richesse, au pouvoir, à l'intelligence; ils seront assumés, en récompense, sur la mer de cristal semblable à du feu qui représente le lieu de la béatitude des purs. Parmi les sept coupes, la première, la troisième et la quatrième semblent devoir être versées sur l'Amérique; la seconde interceptera, les communications entre le Nouveau et l'Ancien Continent; par la cinquième toutes les familles seront éprouvées; la sixième sera peut-être l'invasion jaune; quoiqu'en disent les gens sérieux, les États-Unis ont dû, il y a déjà vingt ans, se défendre contre l'immigration extrême-orientale; et il y a quinze ans qu'on voit en France des groupes d'ouvriers chinois; et, n'a-t-on pas organisé en Russie une armée complète de mercenaires jaunes, dont l'indifférente cruauté terrorise le peuple ? Qu'un nouveau Tamerlan se lève, là-bas, qu'un autre Napoléon fasse des Japonais une armée d'officiers commandant les masses du Milieu, que l'internationalisme s'établisse en Russie, et l'invasion ne sera arrêtée que par l'Atlantique; car l'AIlemagne se mettra toujours du coté du plus fort. Nous voyons en même temps s'élever les faux-prophètes (chap. XVI, v. 13 et 14) qui, faisant des miracles par l'utilisation de quelques-uns des rapports de notre esprit avec la matière, divinisant l'intelligence, présenteront au coeur des fruits vénéneux. Tenons notre esprit éveillé.
Ne voit-on pas, depuis le XVIIIe siècle, la marche envahissante du rationalisme
et du romantisme pervertir parallèlement l'intelligence et la sensibilité ?
Il faudrait désigner trop de contemporains qui saisiraient vite l'occasion de
crier à la calomnie et de se faire un peu de réclame.
A la fin de ce même chapitre, Saint-Jean parle des catastrophes géologiques.
Depuis une douzaine d'années les sismographes ont du travail. Ces modifications de densité, ces changements de position de tels points du globe par rapport au soleil et aux autres astres, perturbent les foyers magnétiques souterrains; et de même que la résistance à un courant engendre de la chaleur, les volcans paraissent, soupape de sûreté de l'immense machine, et des éruptions formidables terrorisent les populations. Ces phénomènes ont d'autres causes encore, une centaine peut-être; et ils se produisent dans un milieu trop complexe pour que la loi puisse en être dégagée; il faudrait des millénaires d'observations constantes; aussi leur apparition a l'air d'avoir lieu au hasard; il serait vain d'en chercher la période. Tout ce que je puis dire c'est que tel jugement est précédé d'un déluge, tel autre d'un effondrement géologique, tel autre d'une formidable explosion, ou d'un vaste écrasement. Ne nous étonnons pas; nous ne connaissons qu'à peine mille mètres en profondeur de l'écorce terrestre, et en quelques rares points. A quoi a-t-il tenu que Paris ne soit détruit par le feu récemment ? A quoi tient-il que Lyon ne s'effondre pas dans la masse d'eau souterraine sur l'extrémité de laquelle il est bâti, que Marseille ne périsse pas dans un tremblement de terre ?
Les voix, les tonnerres et les éclairs (XVI, 18) prédisent des troubles violents
dans l'atmosphère magnétique de la planète.
Quant aux agitations sociales, il est superflu d'en parler.
Elle réside dans un désert parce que le mal est aride et n'engendre que des
fantômes de la vie, des pourritures et des destructions.
Dans l'invisible surnaturel, le cheval représente surtout un messager, une
nouvelle, d'ordre d'autant plus élevé que sa robe est plus claire.
Quant au faux-prophète, l'Antéchrist, voilà bien des siècles qu'il envoie ses
porte-paroles, tous ceux qui divinisent la matière, qui exaltent l'homme, qui
prêchent le non agir. Ce sont ceux-là que tue le glaive sortant de la bouche du
Seigneur. Et malheureusement l'énorme majorité des hommes moutonnant à leur suite la subira. Le règne des mille ans se réalisera physiquement; ce seront les cent quarante quatre mille qui le vivront; peut-être auront-ils des ailes, peut-être leurs corps possèderont-ils quelques-unes des qualités des corps ressuscités.
Les chapitres XXI et XXII disent les destins de notre race quand elle aura
quitté la terre, car, contrairement à ce qu'ont enseigné certains mystiques, je
ne crois pas que le royaume de Dieu descende à toujours ici-bas. En dehors des théologiens et des contemplatifs que l'Église a fournis par centaines, il y a eu des commentateurs bizarres qui ne sont pas sans intérêt. Ainsi, dom Pernéty en a proposé une glose alchimique; Adolphe Berthet, de Chambéry, une glose théurgique; M. Chauffard, une glose sociale; Jacob Boehme et Gichtel une glose de psychologie mystique.
Celle-ci peut avoir une utilité pratique; j'en dirai quelques mots sans suivre à
la lettre la thèse du cordonnier tchèque. Le voyant, c'est la conscience. Les sept églises sont les sept facultés de notre esprit; l'Asie, c'est la matière; le trône du Verbe, c'est notre âme éternelle. La porte ouverte dans le Ciel intérieur, c'est l'intuition; on voit facilement les symboles des épreuves et des joies du disciple; les trompettes indiquent quand ces épreuves deviennent publiques; les plaies sont les diables tentateurs; le livre amer c'est la connaissance vraie de soi-même; les deux témoins sont la prière et la charité; l'Egypte est le monde idolâtre; la femme vêtue du soleil est l'humilité vraie; vient ensuite la grande purification, les nuits de Jean de la Croix; (ch. XII, XIII) et l'élévation du disciple à la dignité de soldat . Les sept plaies indiquent la purification de son corps, la transmutation de ses énergies, la sublimation des fruits de tous ses travaux antérieurs (ch. IV à VII). Puis il devient semblable à un petit enfant (ch. VIII). L'union mystique se réalise (ch. XIX); et arrive une dernière épreuve (ch. XX) avant la possibilité du passage de l'état de soldat à l'état de chef .
Le soldat en effet peut s'égarer ou tomber; mais le chef est définitivement dans
la vérité; il est libre; il est l'esclave volontaire de l'Amour; sa personne est
la résidence de Dieu, la Jérusalem céleste. Tout ce qu'on vient de lire ne représente que des opinions ou des expériences personnelles; leur valeur reste très relative, et leur importance tout à fait secondaire. Et puis, qui peut se vanter de comprendre ce que Saint Jean a voulu dire ? A la fin de 1914, une somnambule du faubourg avait vu des gens tués dans Paris par des obus, elle précisait: des obus, pas des bombes d'avions; personne n'a imaginé l'existence des Berthas. Que ceci nous fasse moins présomptueux; et, nous ramenant à notre devoir quotidien d'humaine tendresse et de prière confiante, que la certitude de notre ignorance augmente l'abandon plein d'amour par lequel nous touchons notre Christ. SÉDIR. |